Costals

caméléon

écriture libre manuscrite - mercredi 16 décembre 2015.

Ça fait quelques jours que je sentais que j’voulais écrire. À la main. Fortement. Agréablement.

Masser. J’veux apprendre à masser.

J’avais eu l’idée en écoutant Manu me raconter, comme sa mère masse. Puis en lisant le parcours de formation de Sylvie, chez qui j’ai été me faire masser deux fois.

J’aime particulièrement le début du massage. Couché sur le dos. Les cervicales. Trop souvent tendues. Ce matin je les ressens. Mauvaise position cette nuit. Je me suis auto-massé du coup. Sans grands résultats.

J’ai l’impression que c’est pas compliqué d’apprendre à masser. Comme le simple contact des mains sur le corps nous fait du bien. Puis j’ai cette passion du toucher, du “faire du bien”, que tout être humain doit sans doute porter en son sein. C’est tellement simple de se faire du bien.

Pourquoi on prendrait pas le temps matin et soir de faire un massage à l’autre ? Y a-t-il plus beau cadeau ?

Je vais m’inscrire à un des cours suivi par Sylvie [edit août 2019 : toujours pas fait et je pense que jamais je ne le ferai]. D’abord, en janvier, je lui demanderai ce qu’elle me suggère pour commencer. Que je profite d’avoir un corps (agréable en plus) sous la main. Mais si on a cette passion, tous les corps sont agréables non? Car aimés.

Passons à Pierre Richard. Et le livre qui porte le titre de l’un de ses films : Je sais rien, mais je dirai tout.

Je l’avais repéré à la bibliothèque il y a un moment. Ou c’est lui qui m’a repéré. J’ai peut-être été interpellé par son visage connu (mais pas reconnu) sur la couverture. Le titre. J’ai fini par l’emporter à la maison, comme il arrêtait pas de me regarder par-dessus ses lunettes de soleil chaque fois que j’entrais et sortais des toilettes. Je me trompais pas. Il se trompait pas. Il m’inspire. Je m’y retrouve. Je sens que ce livre est une pièce clé de mon parcours. Plusieurs choses – des mots, des thèmes, des idées – sont venues le confirmer. Comme trompette. Parce que Pierre il en joue. C’était avant de commencer dans le cinéma. Il a la passion du jazz. C’est aussi le titre de son premier film co-écrit et joué comme protagoniste : Le Distrait. C’est le fait que c’est un personnage. Qu’il ne joue pas d’autre rôle que le sien. Ce sont les histoires qu’il raconte. Sa passion du rire et faire rire. Passion qui m’a sauté à l’esprit dans un rêve la nuit précédente. Avant de lire les propos de Pierre à ce sujet.

Ces livres sur les artistes sont des pépites de motivation pour moi. Spécialement quand ils sont composés des mots même des artistes. Comme La dernière fête de Gil Scott-Heron. Les mémoires d’outre-monde de Jimi Hendrix. Et maintenant Pierre Richard. En plus, ils sont vite lus et bien lus. Surtout s’ils sont en français.

Voilà une grande source pour moi. Les vies, les histoires d’artistes. Auxquels je m’identifie. Je me sens proche, parce qu’on a des traits communs. Ça me rassure. Je me réalise. Je me comprends. Je m’assume. J’assume mes idées, mes choix, ma folie, mon enfant. Ça me soulage et me propulse.

Ah et j’oubliais le livre sur Georges Brassens! Super important aussi. Autre homme dans lequel je me suis retrouvé. Et la plus part de ces personnages deviennent des modèles. Mike Monday en parlait dans ses cours.

C’est un pouvoir qu’on a. Tel des caméléons. On peut absorber des idées, des traits (qui en fait sont déjà en nous) [devenir celui qu’on souhaite profondément être, soi-même] en lisant, en écoutant les mots de ceux qu’on admire. Ou pas forcement. J’admirais pas spécialement tous ces personnages, parce que je les connaissais pas vraiment. Puis je les ai profondément aimés. Donc c’est pas “absorber”, mais plutôt faire germer ces graines qui sommeillent enfouies en nous. Dans notre profondeur.

C’est un phénomène de résonance. On entre en contact avec quelque chose (une énergie) qui s’accorde à notre être véritable, profond. Et cette énergie en nous s’amplifie. Ces moments sont d’autant plus magiques quand dans notre parcours de vie on n’a pas rencontré d’êtres résonants (par contre tout un tas de raisonnables oui). Là l’importance de bien s’entourer et ne pas s’accrocher à de vieux (ou nouveaux) amis qui ne nous enrichissent pas spirituellement.

Combien de personnes autour de nous nous poussent vers le haut? Combien nous inspirent? Enfin, le nombre n’est pas important. Une seule peut suffire pour nous élever.

Un des grands malheurs de notre société c’est de porter si peu d’intérêt aux livres [je pense à la masse, heureusement que des gens lisent des livres importants tout de même]. Un livre c’est une grosse somme d’argent investie sans garantie. Un livre c’est un rapport de confiance. Du courage. Des heures et des heures de travail. Un livre est un don. Ça coûte finalement très peu pour ce que ça vaut. C’est même en libre accès dans les bibliothèques municipales.

Moins d’écrans, plus de livres dans nos vies. Enfin c’est juste une idée. Évidement on nous a jamais encouragé à lire pour le plaisir, lire pour se découvrir. Au contraire, on nous en dégoute. On nous fait perdre la capacité de lire un livre à coups de faits divers qui n’ont même pas eu lieu en été.

Le monde touche à sa fin, pourquoi on prendrait le temps de lire des livres? On risquerait justement de rater la fin du monde.

On aurait l’air con au brunch de bienvenue au paradis :

– Enfin ! On y est arrivé ! – … – Où sont les vierges? – … – T’étais où toi, quand ils ont tout fait péter ?

Peut-être que non! Peut-être que pendant que les inconnus à eux-même jouaient au Monopoly et à la guerre, ceux qui sont restés tranquilles chez eux avec un livre, occupés à se connaître, eux se sont sauvés. Du moins, leur âme. Eux qui ont compris que le paradis, c’est maintenant, c’est ici.



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