Costals

Jacques Cousteau

« Tout c’que j’veux c’est : me dédier à la miouz
Qu’ça ramène du flouze (ksar sur du blues) »

L’introduction est tirée du film biographique Experimenter dans lequel le sociologue Stanley Milgram demande comme devoir à ses élèves l’expérience suivante : “Montez dans un bus et, pendant qu’il roule, chantez votre chanson préférée. Assez fort pour être entendus par les passagers.”

Le texte et l'aventure qui l'a inspiré

Le texte de ce morceau est né sous un arbre où quelques minutes avant moi reposait une chèvre sauvage. J’aurais bien partagé l’ombre avec elle, mais elle a eu peur... et elle m’a fait peur en sortant de nulle part pour dévaler les rochers et fuir !

C’était sur l’île d’Amorgos, peut-être la moins connue des Cyclades. Quoique, on y a quand même tourné des scènes du Grand Bleu.

Je suis content d’avoir immortalisé ce souvenir avec cette chanson, parce qu’il s’agit peut-être de la plus belle expérience de randonnée que j’ai faite.

J’étais seul, comme souvent sur les sentiers. Je suis parti d’un côté de l’île, depuis la plage, pour monter un sommet et redescendre de l’autre côté – et donc rejoindre à nouveau la mer et m’y baigner dans une crique complètement sauvage et difficilement accessible (au point que j’ai hésité plusieurs fois à y aller).

J’ai aussi hésité parce que le chemin était bloqué par des barrières loin d'être irrésistibles.

Avant de descendre, j’ai traversé sur un plateau un village semi-abandonné, peuplé par… des chèvres. Il y avait quelques bovins. Aucun humain. J’ai dû passer juste derrière un énorme taureau – sans doute immobilisé par la chaleur – pour continuer ma route.

À la fin de la vidéo ci-dessous, on voit le village de chèvres. On y voit aussi une autre chèvre que j’ai rencontré au début de la randonnée, lors de mon premier arrêt. Toujours à l’ombre d’un arbre. Celle-ci n’a pas eu peur, au contraire.

Je m’arrête au frais. Je me sens observé. Pourtant, personne autour de moi. Je mets mes lunettes et réalise que de derrière un rocher pointe sa tête cette chèvre qui semble sourire.

Si humaine, la bête! Souvent si bête, l’humain.

J’ai donc été me baigner tout nu dans cette eau limpide. Le fait d’être complètement seul dans un lieu si isolé, et savoir qu’il n’y a pas d’humains à plusieurs kilomètres à la ronde – au lieu de me rassurer, ça me faisait peur. Mais ça me faisait peur seulement quand j’étais dans l’eau. Je ne pouvais pas m’empêcher de penser à des requins.

Ça n'était pas la baignade la plus sereine, mais l’une des plus mémorables.

C’était à la fin du mois de mai 2017.

L'influence de la Belgique

La majeure partie de la musique avait été créée en mars. C’était un exercice où je copiais la structure et la pattern rythmique du morceau smooth (feat. Roméo Elvis) de PEET.

Les plus vifs auront remarqué que j’ai samplé le petit bout de scratch, utilisé tel quel, au même endroit.

La trace de la Belgique et son vivier hip-hop ne s’arrête pas là : la trompette a été enregistrée en vrai opportuniste, furtivement, lorsque le trompettiste qui jouait avec JeanJass s’échauffait au Bravo Bar à Bruxelles. C'était avant son concert intimiste que je co-organisais en 2015.

Enregistrement

J’ai ensuite terminé et enregistré le texte chez ma mère, de retour à Genève après la Grèce. J’y étais allé avec l’idée d’y rester six mois. L’expérience WorkAway ne me convenait pas du tout (un hôtel-SPA 5 étoiles qui pensait me faire bosser six à sept jours par semaine pour 400 euros et loger dans une chambre avec deux ouvriers russes qui puaient la mort, fumaient dans la chambre et dormaient avec la télé allumée toute la nuit).

J’ai bossé une semaine, passé la deuxième dans un camping, et j’ai repris le ferry pour Athènes.

Je décidais alors de rester au calme et arrêter de voyager pour finir l’EP Rodalquilar Sessions, né deux mois plus tôt en Andalousie.

Lors de l’enregistrement de la voix, je chuchotais presque, gêné à l’idée que ma mère puisse m'entendre.

L'harmonica et une autre aventure

L’harmonica a été enregistré en février 2019 sur une péniche à Hackney, Londres. J’avais rencontré John à Genève en janvier 2017, dans un bar semi-privé situé au-dessus de La Petite Reine.

À cette époque, il venait de Paris tous les weekend pour bosser dans ce bar, remplaçant son frère. On ne s’était pas revu depuis, et on avait seulement échangé deux e-mails pour notre première collaboration.

En fait, je lui avais envoyé un beat sur lequel je voulais placer un autre instrument – son harmonica peut-être. Et il m’a fait ce solo ci-dessous, juste comme exemple pour que je me fasse une idée…

J’étais sur le cul ! Je voulais qu’on s’organise pour enregistrer ça proprement. Mais après m’avoir transmis cette vidéo, il a disparu.

Plus de nouvelles pendant presque deux ans! Entre temps sa vie a basculé. Il a été hyper occupé par un business de cookies à Londres (il m’en parlait déjà à Genève) et il est de ces gens qui regardent plus souvent leur messagerie Facebook que leur boîte e-mail. Je lui avais bien écris sur Facebook également et envoyé une demande d’ajout à mes amis, mais il était passé à côté.

Par je ne sais quel miracle, un jour de décembre 2018, John retrouve mon message et rétabli la connexion.

Il est rapidement devenu l'une de mes personnes préférées et je suis toujours RAVI de le voir ou l'entendre.



#french #music