Tibre et Oronte

Release date : Jan 4, 2021

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La fonction première du projet Costals est de faire connaître l’oeuvre de Henry de Montherlant et la faire perdurer.

Alors que, fin décembre 2020, je lisais la Première Olympique tout en préparant les premiers morceaux à sortir en 2021, il m’a semblé judicieux de commencer avec un texte de Montherlant.

Je me souviens de mon ami Christophe qui m’avait suggéré – il y a de ça des années – de joindre ensemble ma voix, ma prose et ma musique. Et je me souviens de toutes ces personnes qui m’ont déclaré trouver ma voix agréable et relaxante.

Probable que je partage mes textes sous cette forme à l’avenir. Mais Montherlant a exprimé dans ses livres tellement de belles choses qui résonnent en moi, et si peu de gens le lisent (ou lisent tout court) que je veux bien mettre de côté mes propres écrits. Et après tout, il a sans doute tout dit déjà, mieux que je ne le dirais moi-même.

J’aimerais plus tard créer des versions audio de ses livres, ou du moins en favoriser la production, et trouver d’autres voix agréables pour lire les pages de ce grand homme.

Au passage je salue le superbe travail de Henri de Meeûs pour la création et gestion du site web dédié à Montherlant.

« La belle vie tient toujours au tempérament des forces opposées, telle que la figurèrent les anciens dans le caducée où les deux serpents, ennemis que balance l’amour, maintiennent en équilibre la branche coiffée d’ailes. La raison en est simple et c’est un autre ancien, c’est notre Sénèque qui l’a dite le mieux : parce que là est l’exemple de la nature. La nature alterne en elle-même le jour et la nuit, le chaud et le froid, la pluie et la sécheresse, la sérénité et la tempête ; et dans les corps la diète et la nourriture, le mouvement et le sommeil ; et l’on ne dit pas pour cela que la nature est incohérente ni que sa variété est la confusion. Comme elle je me refuse à choisir, je veux entrer plus avant encore dans cette loi universelle du rythme et dans ce jeu divin des compensations ; traduisons cela dans la langue de mon siècle : je veux toucher de tous les côtés. C’est une conception de professeur que de voir le oui et le non dans deux camps opposés, avec des maillots différents, comme nos équipiers de foot. Une âme saine, ayant ce fond de simplicité qui caractérise et permet les choses grandes, sera toujours assez flexible, assez abondante et assez vigoureuse pour fondre joyeusement dans une unité supérieure ces prétendues antinomies qui arrêtent tant de larves que nous croisons. Bonheur, souffrance, raffinement, rudesse, fermeté, défaillance, candeur, souillure, sagesse, folie, tout m’appartient et je veux tout avoir, car tout m’est bon, si rien ne me l’est assez. Et que je vive toutes les vies, et que je ne les vive pas à la suite mais ensemble, dans une même minute, avec intensité et détachement ; ensemble toutes les diversités et toutes les contradictions du monde ; et que cela soit, puisque je le peux. Tout pouvoir pour tout vivre, tout vivre pour tout connaître, tout connaître pour tout comprendre, tout comprendre pour tout exprimer : quelle récompense le jour où, nous regardant, nous nous verrons comme un miroir de la création, et nous concevrons Dieu à l’image de l’homme ! »

Henry de Montherlant (Première Olympique – Le Paradis à l’ombre des épées)

Ce sont les paroles posées sur le fond et les contours de kalimba. Musique née en Angleterre le 23 mai 2020. J’étais probablement à Hucknall, ou Newark, dans le Nottinghamshire. Je faisais du WorkAway.

C’est le 27 décembre 2020 que je décide de reprendre ce morceau pour le publier comme première sortie de 2021, avec cet extrait de Montherlant.

Un texte écrit en 1923. L’auteur avait 28 ans. C’est curieux comme 100 ans ne me semblent pas être beaucoup de temps, comparé à l’idée que je m’en faisais il y a peut-être dix ans seulement. C’est beaucoup. C’est peu. Peut-être que ça me paraît peu parce que je me sens si proche de celui qui a écrit ces pages. Comme si une fraction de son âme s’était installée en moi, qui naissait quinze ans après sa mort.

Ce qui me frappe chez Montherlant c’est sa lucidité. Et ce dès ses premiers livres. Difficile de ne pas être d’accord avec ses observations perçantes. Impossible de lire une page sans sourire, ou rire ou juste éprouver de la gratitude pour la vie, et peut-être une nouvelle perspective.

Dans les Olympiques, Montherlant sublime le sport et les corps, en mélangeant fiction au récit d’expériences personnelles.

En moi l’idée germe, enracinée maintenant. Il faut me mettre au labeur de me dépouiller à nouveau, de lutter sans cesse contre tout ce qui revient sans cesse, comme un homme étanche une barque trouée, et il s’arrête trois minutes c’en est fait ; comme un frère des suppliciés fabuleux. Car la fine fleur d’un entraînement, le chef-d’œuvre de mois et souvent d’années, peut disparaître en quinze jours si l’entraînement cesse. Ni l’artiste ni l’éducateur ne sont à ce point des sculpteurs de fumée.

– Henry de Montherlant (Première Olympique p.110)

J’aimerais écrire davantage sur ce livre et faire part d’anecdotes personnelles en lien avec le thème. J’espère pouvoir le faire plus tard, et mettre à jour cet article.

La Première Olympique est disponible en seconde main chez plusieurs libraires, tout comme une bonne partie de l’œuvre.

L’ouvrage Les Olympiques (première et deuxième ensemble) est en stock chez Gallimard, tout comme une bonne partie de l’œuvre.

“Montherlant, au retour du front, s’adonne aux sports, notamment au football et à la course à pied (il court le cent mètres en 11 secondes 4/5). Les émotions que lui ont procurées les jeux du stade, associées aux réminiscences antiques, lui inspirent des poèmes, des nouvelles, des essais qui composent les deux volumes des Olympiques (publiés d’abord séparément) : Le Paradis à l’ombre des épées et Les Onze devant la Porte dorée.
De tous ses livres, c’est celui que Montherlant préfère. Il y chante avec un bonheur constant d’inspiration, une grande fraîcheur de ton, les sentiments les plus purs qui soient au cœur de l’homme : la joie de l’effort physique, la camaraderie, le sens de l’équipe.”

Description Gallimard

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Response

  1. Clarisse Couturier-Garcia

    Très belle initiative. Je soutiens ma thèse de doctorat sur Montherlant moraliste sensuel d’ici quelques jours… je travaille à le faire connaître plus intelligemment… comme vous je crois comprendre. Amicalement

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